mardi 24 janvier 2012

Les nanotechnologies au service du diagnostique des maladies avec une sonde en silicium

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Le laboratoire d’IBM Labs à Zurich vient de dévoiler une sonde en silicium. Elle permettra aux pathologistes de diagnostiquer plus aisément des maladies comme le cancer et aidera à la recherche visant à la mise au point de médicaments.
 
Ce sont les décennies d’expérience d’IBM avec le silicium qui ont été exploitées par le laboratoire de la firme basé à Zurich. Appliquées aux nanotechnologies, elles ont permis aux chercheurs de mettre au point une sonde en Silicium qui sera utilisée dans l’immunohistochimie (IHC).
Encore en phase d’essai et de validation, une telle sonde devrait bientôt pouvoir permettre aux laboratoires de pathologie de faire des diagnostics plus précis avec des échantillons beaucoup plus petits.

Le silicium au service de la médecine

L’IHC consiste à localiser des protéines dans des cellules d’un tissu humain prélevé par biopsie. Les antigènes sont alors diagnostiqués grâce à l’utilisation d’anticorps.
La sonde souple et sans contact en forme de diamant de huit millimètres de largeur est dite microfluidique (science mettant en œuvre des systèmes manipulant des fluides à l’échelle du micromètre). Elle fonctionne à la manière d’un injecteur d’encre de cartouche d’imprimante. Elle dispose de deux canaux : l’un injecte un picolitre de liquide contenant des anticorps tandis que l’autre aspire continuellement pour éviter qu’il y ait trop de liquide au même endroit.
La coloration qui s’en suit permet de détecter des traces des maladies dans l’échantillon de tissu prélevé sur un patient. L’intensité de la couleur renseigne sur la maladie et son stade de développement.

Vers des diagnostics plus précis

La biopsie qui permet de prélever un échantillon de tissu humain est un procédé invasif et les échantillons sont aussi petits que possible. Or, les erreurs d’analyse sont relativement fréquentes lorsque trop ou bien trop peu de liquide est versé sur l’échantillon.
La sonde en Silicium mise au point est capable de colorer les tissus avec une précision de l’ordre du micromètre. Elle permettra de ne soumettre à l’analyse qu’une partie de l’échantillon.
« Nous avons développé une technologie de validation de concept qui, je l’espère, met la détection de pathologies sur une feuille de route moderne bénéficiant des tout derniers développements dans le domaine de la microfluidique basée sur le silicium », indique Govind Kaigala, scientifique au laboratoire de recherche d’IBM à Zurich. Il ajoute : « Cette nouvelle approche permettra aux pathologistes de colorer les échantillons de tissus avec la précision du micromètre et de réaliser facilement de multiples colorations sur un nombre limité d’échantillons. »

 

IBM développe des batteries capables de fournir 800 km d'autonomie

Même si des recherches récentes démontrent qu’une autonomie de 160 km couvre les besoins quotidiens de 83 à 95% de la population, la peur de ne pas arriver à destination reste le freins majeur à l’expansion des véhicules électriques. Un nouveau type de batteries développé par IBM pourrait bien changer la situation.

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Baptisées Lithium-air, ces nouvelles batteries peuvent théoriquement grimper à une densité d’énergie jusqu’à 1000 fois supérieure à celle des batteries Lithium-ion actuelles. Elles reposent sur une technique différente, dans laquelle l’électrode positive utilise du carbone à la place du métal.

Mais cette solution comportait un problème majeur : les batteries Lithium-air ont une résistance aux cycles de recharge extrêmement faible. Si elles pouvaient fournir une belle autonomie aux véhicules, elles ne tenaient pas dans la durée.

Les chercheurs d’IBM se sont donc penchés sur le problème et ils viennent d’annoncer avoir trouvé une solution à celui-ci grâce à l’utilisation d’un liquide d’électrolyte différent.

Des cellules Lithium-air corrigées auraient déjà été testés et un premier prototype à l’échelle 1 devrait voir le jour dès 2013. Il faudrait ensuite attendre 2020 pour voir les premières applications commerciales de ces batteries capables de fournir une autonomie théorique de 800 km aux véhicules électriques, prenant 5 fois moins de place et dont la durée de vie serait 5 fois plus importante

Par Loïc Bailliard Le 14 Janvier 2012

La traduction automatique a 58 ans, une initiative IBM/Georgetown University


Il y a 58 ans, IBM et l'Université de Georgetown inventaient la traduction automatique avec une première démonstration du russe vers l'anglais.

L'IBM 701 qui a servi de cerveau pour la traduction du russe vers l'anglais, crédit D.R.Difficile à imaginer, mais il y a 58 ans, IBM et l'Université de Georgetown s'associaient pour créer le premier programme informatique capable de traduire du Russe vers l'Anglais. Peut-être plus surprenant encore, en 1954, les expressions inscrites sur les cartes perforées et traitées par la grosse machine IBM 701 peuvent maintenant être tapées dans Google Translate sur un smartphone et traduites en à peine 10 secondes.
 
Certes, à l'époque, le programme d'IBM avait été qualifié d'avancée majeure. Le communiqué de presse publié le 7 janvier 1954 par IBM pour annoncer l'événement disait : « Une jeune femme qui ne comprend pas un mot de la langue des Soviets a poinçonné des messages en Russe sur des cartes perforées IBM. La machine IBM 701, surnommée « le cerveau», a livré ses traductions en anglais sur une imprimante automatique à la vitesse vertigineuse de deux lignes et demie par seconde. La jeune femme a inscrit « Mi pyeryedayem mislyi posryedstvom ryechyi. » Et « le cerveau » lui a répondu « La parole sert à traduire nos pensées ». Puis « Vyelyichyina ugla opryedyelyayetsya otnoshyenyiyem dlyini dugi k radyiusu », a quoi l'IBM 701 a rétorqué : « La valeur d'un angle est déterminée par le rapport entre la longueur de l'arc et le rayon ». La jeune femme a continué : «Myezhdunarodnoye ponyimanyiye yavlyayetsya vazhnim faktorom v ryeshyenyiyi polyityichyeskix voprosov, » et l'ordinateur a traduit : « dans les questions politiques, la compréhension de la situation internationale constitue un facteur important de la décision. »
Détournement de tâches pour traduire du russe

En tout, « le cerveau » a traduit plus de soixante phrases du Russe vers l'Anglais. L'étonnante machine avait interrompu ses 16 heures de travail quotidien consacrées à la résolution de problèmes de physique nucléaire, au calcul de trajectoires de fusées, aux prévisions météorologiques et autres prouesses mathématiques pour se prêter à l'exercice. Son attention avait été détournée pour un bref moment de son travail de calcul numérique fulgurant pour se pencher sur un domaine entièrement nouveau et tout à fait étrange pour ce géant électronique : comprendre la logique du comportement humain et plus précisément, traiter des mots utilisés par les humains. Le résultat, dont on peut apprécier les manifestations aujourd'hui même, a été un franc succès. Même si IBM avait pris la précaution de préciser qu'il n'était pas encore possible « d'insérer un livre en russe d'un côté et de sortir un livre en anglais de l'autre, » le constructeur avait prédit que « d'ici 5 ans, et peut-être dans 3 ans au plus, la conversion des langues par processus électronique dans des domaines fonctionnels importants où l'on utilise plusieurs langues, pourrait bien devenir un fait accompli. »

Fait intéressant, cette sorte de programmation pour réaliser des traductions, souvent dans l'actualité de l'époque, s'est avérée difficile, coûteuse et finalement controversée. En 1964, un groupe de scientifiques réuni par le ministère de la Défense et de la National Science Foundation, connue sous le nom de Automatic Language Processing Advisory Committee (ALPAC), a évalué la technologie informatique appliquée à la traduction linguistique. Son rapport « Langue et machines : Les ordinateurs pour la traduction et la linguistique », publié en 1966, a surtout contribué à saper les efforts entrepris dans ce domaine. Selon un article de Wikipedia, le groupe « a été très critique sur les efforts en cours, montrant que les systèmes informatiques n'étaient guère plus rapides que la traduction humaine, et faisant aussi valoir que, à l'inverse de ce que l'on pensait, il y avait plutôt trop que pas assez de traducteurs, et que l'offre étant supérieur à la demande, la traduction humaine restait relativement peu coûteuse - environ 6 dollars pour mille mots traduits. »

Une réussite contestée sur le plan financier

John Hutchins, expert de longue date de la traduction automatique, a écrit plus tard : « L'événement le plus connu dans l'histoire de la traduction automatique est sans doute la publication du rapport par l'ALPAC en 1966. Il a eu pour effet de mettre un terme à l'important financement dont bénéficiait, depuis une vingtaine d'années, la recherche dans le domaine de la traduction automatique aux États-Unis. Peut-être que le message sans ambigüité délivré à la population en général et au reste de la communauté scientifique a été encore plus dévastateur : que la traduction automatique était sans espoir. Pendant les années qui ont suivi, les chercheurs participant à des projets dans ce domaine préféraient la discrétion : c'était presque honteux. Jusqu'à aujourd'hui, « l'échec annoncé » de la traduction automatique a été transmis comme un fait indiscutable. L'impact de l'ALPAC est indéniable. La notoriété de ce rapport était telle que de temps en temps au cours des décennies qui ont suivies, certains chercheurs s'interrogeaient sur l'opportunité de publier « un autre ALPAC » pour régler encore le sort de la traduction automatique. Au-delà de la controverse, l'apprentissage des langues par des méthodes  informatiques a prospéré et on a vu se développer des méthodes intéressantes.

Photo de L'IBM 701 qui a servi de cerveau pour la traduction du russe vers l'anglais, crédit D.R.
Article de Jean Elyan avec IDG NS 

http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-la-traduction-automatique-a-58-ans-une-initiative-ibm-georgetown-university-47429.html